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Méthanisation La filière veut maîtriser son process de qualité

© Vincent Gobert

Gisement, procédé, digestat, etc., les acteurs de la filière se retrouvent ces 2, 3 et 4 octobre à Rennes pour améliorer la chaîne de production de biogaz.

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JRI, c’est journaliste reporter d’images. Mais c’est aussi trois jours de rencontres sur la méthanisation dans l’auditorium de la Maison des arts et métiers de Rennes. La salle affichait d’ailleurs presque complet en ce premier jour des Journées Recherche Méthanisation 2018. Il était surtout question pour les agriculteurs, techniciens, ingénieurs, conseillers et chercheurs présents de caractériser les problématiques de terrain et d’amener quelques réponses.

À l’image de la récente possibilité d’hygiénisation des digestats. Selon la chambre d’agriculture de la Bretagne, le surcoût peut atteindre 100 000 euros. « Est-ce que ça vaut le coup ? » lance sa représentante Carine Pessiot à la salle. Les 160 participants n’ont pas encore la réponse. Si la conviction est à la commercialisation du digestat, ce sera à chacun de faire ses comptes, c’est-à-dire de calculer un seuil de rentabilité.

Casser la lignine

Parmi les agriculteurs qui entament un projet de méthanisation, la question du pouvoir méthanogène des intrants est au centre des questions. Pour Julie Jimenez, de l’Inra Narbonne, et Pascal Peu, de l’Irstea, il faut se concentrer sur les composants les plus « récalcitrants », notamment les résidus ligno-cellulosiques. Dans certaines situations, « il faut envisager un prétraitement », confirment-ils. Même pour l’anticipation du potentiel sulfanogène des substrats. La solution avancée pour prédire l’ampleur de la libération d’hydrogène sulfuré peut être le calcul du rapport entre carbone et soufre.

Augmenter la fibre

Moins connue et pourtant essentielle, la conception du bâtiment impacte le potentiel méthanogène du substrat. Selon Pascal Levasseur (Ifip), les taux de dilution bas et les temps de stockage plus courts sont les deux principaux paramètres à garder en tête. Idem sur l’alimentation. « L’augmentation de 20 % de la teneur en fibres dans le régime des porcs en engraissement peut augmenter de 35 à 84 % la part méthanogène des effluents. L’intérêt économique reste fonction du coût des matières premières mais l’intérêt nutritionnel est d’apporter protéines et minéraux », précise-t-il.

Variétés et semis des CIVE

Désormais classique, la gestion des CIVE (culture intermédiaire à vocation énergétique) a bien sûr été abordée. Pour Sylvain Marsac, d’Arvalis, « il ne sert à rien d’aller au-delà de 20 % de légumineuse dans une association ». Il précise aussi qu’il faut rester simple dans son choix et dans sa gestion : « Deux espèces suffisent car il faut gérer les conséquences, notamment au niveau de l’enherbement. » Il conseille aussi pour les CIVE d’été des variétés plus précoces et semées tôt.

« Et avant tout, il faut se construire des règles, assène-t-il, c’est-à-dire avoir bien calé son itinéraire technique, envisagé de fertiliser un minimum, évalué coût et seuil de rentabilité. » Le témoin du moment, l’agriculteur Gildas Fouchet, va même plus loin en cultivant 4 cultures à l’année, dont 2 CIVE d’affilée. « Je sors 12 à 15 tonnes de matières sèches. L’objectif est aussi de stocker et d’avoir de la matière mobilisable lorsque je serai dans l’impasse pour mes intrants extérieurs. »

L’agitation en panne

Quant au brassage, « c’est 10 à 60 % de la dépense énergétique », selon Pierre Buffière, de l’Insa. « Aucune des techniques classiques de l’ingénierie n’est utilisée pour l’agitation des digesteurs », analyse-t-il encore. Sans compter les retours de terrains sur les nombreuses casses.

Alors que faut-il faire ? « Il faut tout d’abord choisir un agitateur grand à vitesse lente », répond-il. Pour le reste, selon le témoin Jean-Marc Onno, « il n’y a pas de schéma qui fonctionne tout le temps. Il faut prévoir de changer le brassage tous les 6 à 7 ans ». D’autant qu’aucun indicateur n’existe sur l’intégrité du matériel immergé. « Il faut aussi dans la mesure du possible placer le moteur à l’extérieur. Plus de 70 % des pannes sur le brassage sont causées par le moteur. »

Vincent Gobert

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